Le compte à rebours est lancé. Dans quelques années à peine, la production de pétrole conventionnel atteindra son point culminant, avant de décliner irrémédiablement. Ce tournant historique, appelé pic pétrolier, actera la fin de l'ère de l'abondance énergétique. Explications.
Le pic pétrolier désigne le moment où l'extraction mondiale de pétrole conventionnel (issu de gisements classiques) aura atteint son maximum, avant de diminuer inexorablement faute de réserves suffisantes. Selon l'Agence Internationale de l’Energie (AIE), ce sommet historique devrait survenir dès 2025.
À cette date, la moitié des ressources mondiales facilement accessibles de pétrole auront été consommées. L'offre commencera alors à se contracter, alors même que la demande poursuit sa croissance, tirée par les politiques de croissance mondiales.
Cet inéluctable déclin de la production provoquera une flambée des prix et des pénuries énergétiques aux conséquences économiques potentiellement dévastatrices.
Ce déclin de l'offre entraînera mécaniquement une envolée des cours mondiaux du pétrole. D'après une étude du FMI de 2019, le prix du baril de Brent dépassera allègrement les 200 dollars après 2025, contre 60 dollars aujourd'hui. Certains experts comme l'économiste Philippe Chalmin pronostiquent même un baril à 250 dollars d'ici 2030.
Cette flambée des prix se répercutera dans les stations-service. Le litre d'essence pourrait dépasser les 3 euros en France selon l'économiste Christian de Perthuis, et même atteindre 5 euros selon les prévisions les plus pessimistes.
Cette envolée des prix aura des répercussions considérables sur l'économie mondiale :
- Explosion des coûts de transport : le FMI prévoit une hausse de 30 à 50% des tarifs maritimes et routiers d'ici 2030, affectant les chaînes d'approvisionnement.
- Production industrielle plus coûteuse : le prix des plastiques bondira de 70% d'après McKinsey, affectant toute l'industrie manufacturière.
- Coupures de courant accrues : le pétrole représente encore 37% de la production électrique mondiale. Sa raréfaction provoquera des délestages.
- Perte de productivité : les difficultés de transport engendreront retards et absentéisme accrus des salariés.
D'après une étude de l'Université de Columbia (2022), le pic pétrolier pourrait entraîner une baisse de 2 à 4 points du PIB mondial durant la décennie 2030. L'OCDE estime que la croissance économique mondiale pourrait être amputée de moitié.
À plus long terme, certains économistes pronostiquent même la fin de la mondialisation, ce modèle économique basé sur le transport à bas coût des marchandises à travers le monde, devenu trop coûteux. La régionalisation des échanges s'imposera alors.
Pour atténuer le choc du pic pétrolier, les gouvernements et les entreprises n'ont pas de temps à perdre :
- Investir massivement dans les énergies décarbonées (solaire, éolien, biocarburants...)
- Favoriser les circuits courts, relocaliser l'activité industrielle
- Développer les transports collectifs et mobilités douces
- Généraliser les éco-gestes et la sobriété numérique pour économiser l'énergie
La transition sera indubitablement difficile. Mais ceux qui anticiperont et se prépareront dès maintenant en subiront moins les effets déstabilisateurs. Après des décennies de gaspillage énergétique, la raréfaction du pétrole nous oblige désormais à plus de sobriété.
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