Le modèle économique actuel est sous le feu des projecteurs, et pour de bonnes raisons. L'exploitation sans frein des ressources naturelles et les effets nocifs sur l'environnement sont autant de menaces qui pèsent sur les écosystèmes, dont la survie dépend du bien-être de nos sociétés. Heureusement, une nouvelle vision de l'économie émerge, celle de l'économie régénérative.
Sans nature, pas de civilisation. Sans civilisation, pas d’activité économique. Et donc pas d’entreprise non plus. Remettons les pièces du puzzle à la bonne place !
Un exemple concret ? Considérons une forêt. Bien sûr, elle fournit du bois, mais ce n'est là que la partie émergée de l'iceberg. Les forêts offrent également une multitude de services écosystémiques invisibles. Elles filtrent l'eau, stockent le carbone, préservent les sols de l'érosion, régulent le climat local, pollinisent, partagent des ressources entre les espèces et abritent une biodiversité incroyable.
En résumé, qu’il s’agisse de services matériels, immatériels ou de services de régulation (l’eau, l’air, etc.). La sensibilité de l’économie aux services écosystémiques est totale.
L’économiste Robert Costanza estime le potentiel de services écosystémiques rendus par la Terre à 125 000 milliards de dollars chaque année. C’est 1,5 fois la valeur du PIB mondial. En clair, nous avons besoin d’1,5 € de nature pour produire 1 € de PIB.
Concrètement, l’économie régénérative considère que les ressources naturelles et leur fantastique capacité à se régénérer, constituent le socle de la vie sur Terre.
Son but ultime ? Créer de la valeur à tous les niveaux : économique, social et environnemental, en tirant inspiration du fonctionnement des écosystèmes naturels et en prenant en compte la valeur des services qu'ils nous rendent.
Mais comment pouvons-nous accélérer cette transition vers un modèle économique plus sain pour notre planète ? Les entreprises doivent revoir en profondeur leur rôle dans la société et leur relation à la nature. Plusieurs stratégies s'imposent :
Ce changement de paradigme nécessite également un cadre politique et réglementaire favorable. Cependant, des entreprises pionnières démontrent que compétitivité et durabilité peuvent coexister. En réintégrant les cycles naturels au cœur de leur stratégie, elles assurent leur résilience à long terme tout en ouvrant la voie à une prospérité juste et durable.
Adopter les principes de l'économie régénérative nécessite un véritable changement de culture et de mentalité au sein des entreprises. Il s'agit de passer d'une vision linéaire et mécaniste à une approche systémique et organique. Concrètement, cela signifie de faire évoluer d'un modèle centré sur l'extraction de valeur à un modèle axé sur la régénération des écosystèmes naturels et sociaux.
Cette révolution culturelle doit imprégner tous les aspects de l'activité. Elle invite à repenser en profondeur la finalité même de l'entreprise, au-delà du seul profit financier. Quelle est sa raison d’être ?
Intégrer les services écosystémiques dans les modèles d'affaires est un puissant levier pour opérer ce changement. Cela amène à considérer la nature comme un partenaire et non plus seulement comme une source de ressources à exploiter ou un puits à déchets.
Les entreprises pionnières montrent que cette intégration génère de nouvelles sources de valeur, d'innovation et de différenciation durable. Elle les rend aussi plus résilientes face aux risques environnementaux croissants.
Pour réussir cette mue, le développement des compétences joue un rôle crucial. Former les salariés à cette nouvelle vision systémique est essentiel. L'enjeu est aussi de favoriser l'émergence de nouveaux métiers et expertises liés à la régénération des écosystèmes.
Pili : qui fabrique des colorants à partir de déchets provenant de la production d'huile d'argan au Maroc. Ce choix stratégique génère des impacts positifs à plusieurs niveaux : moins de déchets, séquestration du CO2, création d'emplois et autonomisation des femmes.
Interface : est un industriel spécialisé dans les dalles de moquette. Ray Anderson, son fondateur, a su a su aborder avec audace la fin possible de son activité… Ce qui a permis d’imaginer et mener un plan ambitieux de transformation à long terme.
Soil Capital : Opérant à l'échelle internationale, Soil Capital a pour ambition d'accompagner les agriculteurs dans la transition d'un million d'hectares vers une agriculture plus rentable et régénératrice d'ici à 2025. Ils ont de plus en plus d’exemples qui illustrent clairement que le succès économique n'est pas incompatible avec la régénération des écosystèmes.
En définitive, intégrer les principes de l'économie régénérative n'est pas une contrainte, mais une opportunité. C'est le moyen pour les entreprises de s'inscrire dans les limites écologiques de la planète tout en assurant leur pérennité. En embrassant cette révolution culturelle, elles contribuent à façonner un avenir plus durable pour tous.
Petite phrase de fin : seuls les business modèles en phases/synergie/lien avec leur environnement peuvent prospérer.
Sources :
https://circulab.com/fr/regenerative-economy-definition/
https://youmatter.world/fr/definition/entreprise-regenerative-cest-quoi-utilite-exemple/
https://openlande.co/qu-est-ce-que-l-economie-regenerative/
Daphné Vlerick
Co-fondatrice de Pulsitive.impact